On n’ecoute plus serieusement la parole sainte : c’est une fai§on d’amusement entre mille autres ; c’est votre jeu ou on voit de l’emulation et des parieurs.
(IV) L’eloquence profane est transposee Afin de ainsi dire du barreau, ou Notre Maitre, Pucelle et Fourcroy l’ont fera regner, et ou elle n’est plus d’usage, a la chaire, ou elle ne devra gui?re etre. (I) L’on fera assaut d’eloquence jusqu’au pied de l’autel et en la presence des mysteres. Celui qui ecoute s’etablit juge de celui qui preche, pour condamner ou pour applaudir, et n’est pas plus converti par le propos qu’il favorise que par celui auquel Il semble contraire. L’orateur plait a toutes les uns, deplait a toutes les autres, ainsi, convient avec tous en une chose, que, comme il ne cherche point a les rendre meilleurs, ils ne pensent gui?re aussi a le i?tre.
(IV) Un apprentif est docile, il ecoute son maitre, il profite de l’ensemble de ses lecons, et il devient maitre. L’homme indocile critique le discours du predicateur, tel le livre du philosophe, et il ne devient ni chretien ni raisonnable.
Jusqu’a votre qu’il revienne un homme qui, avec votre style nourri des saintes Ecritures, explique au peuple la parole divine uniment et familierement, les orateurs et les declamateurs sont suivis.
4 (I) Mes citations profanes, les froides allusions, le mauvais pathetique, les antitheses, des figures outrees ont fini : nos portraits finiront, et feront place a une simple explication de l’Evangile, jointe aux mouvements qui inspirent la conversion.
Cet homme que je souhaitais impatiemment, ainsi, que je ne daignais gui?re esperer de notre siecle, est enfin venu.
Mes courtisans, a force de gout et de connaitre les bienseances, lui ont applaudi ; ils ont, chose incroyable ! abandonne la chapelle du Roi, Afin de venir entendre avec le peuple la parole de Dieu annoncee via votre homme apostolique. J’ai metropole n’a pas ete de l’avis d’une cour : ou il a preche, les paroissiens ont deserte, jusqu’aux marguilliers ont disparu ; les pasteurs ont tenu ferme, mais les ouailles se seront dispersees, et des orateurs coloc’ en ont grossi un auditoire. Je devais le prevoir, ainsi, ne point dire qu’un tel homme n’avait qu’a se montrer Afin de etre suivi, et qu’a parler Afin de etre ecoute : ne savais-je nullement quelle est dans les hommes, ainsi, en toutes choses, la force indomptable de l’habitude ? Depuis trente annees on prete l’oreille aux rheteurs, a toutes les declamateurs, aux enumerateurs ; on court ceux qui peignent en grand ou en miniature. Il n’y a pas longtemps qu’ils avaient des chutes ou des transitions ingenieuses, quelquefois aussi si vives et si aigues qu’elles pouvaient passer pour epigrammes : ils des ont adoucies, je l’avoue, et ce ne sont plus que des madrigaux. Ils ont i chaque fois, d’une necessite indispensable et geometrique, trois themes admirables de les attentions : ils prouveront une telle chose dans la premiere partie de leur discours, votre autre dans la seconde partie, ainsi, cette autre encore dans la troisieme. Ainsi vous serez convaincu d’abord d’une certaine verite, ainsi, c’est leur premier point ; d’une autre verite, ainsi, c’est leur second point ; d’ailleurs d’une troisieme verite, ainsi, c’est leur troisieme point : de sorte que la premiere reflexion vous instruira d’un principe des plus fondamentaux de votre religion ; la seconde, d’un nouvelle principe qui ne l’est jamais moins ; et la derniere reflexion, d’un troisieme et dernier principe, le plus important de l’ensemble de, qui est remis pourtant, faute de loisir, a une autre fois. Enfin, pour reprendre et abreger cette division et former 1 plan… — Encore, dites-vous, et quelles preparations Afin de un discours de trois quarts d’heure qui leur reste a Realiser ! Plus ils cherchent a le digerer et a l’eclaircir, plus ils m’embrouillent. — Je vous crois sans difficulte, ainsi, c’est l’effet le plus naturel de tout cet amas d’idees qui reviennent a Notre meme, dont ils chargent sans pitie la memoire de leurs auditeurs. Cela parai®t, a les voir s’opiniatrer a votre usage, que J’ai grace une conversion soit attachee a ces enormes partitions. Comment neanmoins serait-on converti par de tels apotres, si l’on ne peut qu’a peine les entendre articuler, les suivre et ne les pas perdre de vue ? Je un demanderais volontiers qu’au milieu de leur course impetueuse, ils voulussent quelques fois reprendre haleine, souffler quelque peu, et laisser souffler leurs auditeurs. Vains propos, paroles perdues ! Le temps des homelies n’est plus ; des Basiles, les Chrysostomes ne le rameneraient gui?re ; on passerait en d’autres dioceses pour etre hors en portee de leur voix ainsi que leurs familieres instructions. Notre commun des hommes aime nos phrases et nos periodes, admire votre qu’il n’entend nullement, se suppose instruit, content de decider entre un premier et un second point, ou entre le dernier sermon et le penultieme.
Ils font moins d’un siecle qu’un livre francais est un certain nombre de pages latines, ou l’on decouvrait quelques lignes ou des mots en une langue. Mes passages, nos traits et nos citations n’en etaient nullement demeures la : Ovide et Catulle achevaient de decider des mariages et des testaments, ainsi, venaient au milieu des Pandectes au secours une veuve et des pupilles. Le sacre et le profane ne se quittaient point ; ils s’etaient s’inscrire sur eastmeeteast glisses ensemble jusque dans la chaire : saint Cyrille, Horace, saint Cyprien, Lucrece, parlaient alternativement ; des poetes etaient de l’avis de saint Augustin ainsi que tous les Peres ; on parlait latin, et longtemps, devant des femmes et des marguilliers ; on a parle grec. Il fallait savoir prodigieusement pour precher si en gali?re. Autre temps libre, autre usage : l’article est encore latin, tout le propos est francais, ainsi, d’un beau francais ; l’Evangile meme n’est jamais cite. On doit savoir aujourd’hui tres peu de chose concernant beaucoup precher.
7 (IV) L’on a enfin banni la scolastique de l’integralite des chaires des grandes villes, et on l’a releguee dans les bourgs et en villages pour l’instruction et pour le salut du laboureur ou du vigneron.